Implanté en Bretagne, dans le nord du Finistère, l’EHPAD des Abers est installé sur trois sites et autant de communes (Lannilis, Plouguerneau et Landéda), où il possède un peu moins de 300 places – dont 47 en unité de vie adaptée. Présent au sein de l’établissement depuis plus de dix ans, Julien Brunet, son directeur, a impulsé une dynamique de changement notamment sur le plan managérial, dès sa prise de fonctions en juillet 2022. En janvier 2023, il a ainsi lancé « Métamorphose », un projet de transformation des organisations et du management. « Rapidement, des groupes de travail se sont mis en place pour réfléchir, en amont, aux changements à opérer », se souvient-il. La réflexion est féconde et, dès le mois de mai, deux services du site de Plouguerneau sautent le pas, s’engageant pleinement dans une « Métamorphose » qui repose sur cinq piliers : « placer véritablement l’usager au centre, renouveler le management, autonomiser les équipes, rendre les organisations plus agiles et repenser la communication ».
Pour donner corps à ces ambitions, les équipes questionnent l’équilibre en vigueur entre liberté et sécurité, cherchent autant que possible à invisibiliser les soins et mettent un point d’honneur à respecter au mieux le rythme des résidents. « Cela nous a menés à faire quelque peu évoluer l’approche du soin, en faisant passer la vie sociale au premier plan », résume Julien Brunet en évoquant, par exemple, la possibilité pour les pensionnaires de venir avec leur animal de compagnie, ou de choisir de passer, ou non, en texture modifiée. Les équipes soignantes ne sont pas en reste, le principe « d’équipe autonome » étant au cœur de la démarche. Les deux services « Métamorphose » disposent ainsi d’un budget délégué et leurs équipes bénéficient de nombreux temps d'échange, pour fonctionner de manière fluide.
Pour donner corps à ces ambitions, les équipes questionnent l’équilibre en vigueur entre liberté et sécurité, cherchent autant que possible à invisibiliser les soins et mettent un point d’honneur à respecter au mieux le rythme des résidents. « Cela nous a menés à faire quelque peu évoluer l’approche du soin, en faisant passer la vie sociale au premier plan », résume Julien Brunet en évoquant, par exemple, la possibilité pour les pensionnaires de venir avec leur animal de compagnie, ou de choisir de passer, ou non, en texture modifiée. Les équipes soignantes ne sont pas en reste, le principe « d’équipe autonome » étant au cœur de la démarche. Les deux services « Métamorphose » disposent ainsi d’un budget délégué et leurs équipes bénéficient de nombreux temps d'échange, pour fonctionner de manière fluide.
Des cadres devenus « managers facilitateurs »
Loin de s’en tenir là, la nouvelle organisation s’est également attachée à simplifier les démarches administratives. Le projet d’accompagnement et le plan de soins ont naturellement été préservés, mais d’autres formalités, qualifiées d’« inutiles » par les groupes de travail, ont été supprimées. C’est le cas, par exemple, des fiches de planification des douches et des fiches d’activité. « L’objectif était de mettre fin aux actions qui n’avaient pas de sens, afin de redonner de l’agilité aux services », note Julien Brunet.
Du coaching, particulièrement en matière d’analyse des pratiques, avait ainsi été proposé aux équipes dès les premières étapes du projet, pour les accompagner dans la réflexion et la mise en place progressive de « Métamorphose ». Et, si les soignants ont rapidement acquis de nouvelles habitudes, les cadres ont pour leur part dû s’adapter à un nouveau rôle. « Face à l’autonomisation des équipes soignantes, certains cadres avaient l’impression d’avoir perdu leur place, de n’avoir plus d’avis à donner », raconte le directeur de l’établissement en détaillant la notion de « manager facilitateur », née au cours de travaux : « Le cadre n'est plus là pour prendre une décision, mais pour aider à la prise de décision ».
Du coaching, particulièrement en matière d’analyse des pratiques, avait ainsi été proposé aux équipes dès les premières étapes du projet, pour les accompagner dans la réflexion et la mise en place progressive de « Métamorphose ». Et, si les soignants ont rapidement acquis de nouvelles habitudes, les cadres ont pour leur part dû s’adapter à un nouveau rôle. « Face à l’autonomisation des équipes soignantes, certains cadres avaient l’impression d’avoir perdu leur place, de n’avoir plus d’avis à donner », raconte le directeur de l’établissement en détaillant la notion de « manager facilitateur », née au cours de travaux : « Le cadre n'est plus là pour prendre une décision, mais pour aider à la prise de décision ».
Un EHPAD repensé jusque dans ses murs
Appelé à être progressivement étendu à d’autres services, « Métamorphose » se couple à un projet de transformation plus large, pour rénover et agrandir le site de Lannilis qui devrait, à terme, accueillir tous les résidents de l’EHPAD. La livraison complète est programmée pour le printemps 2027, mais les équipes des Abers se préparent déjà à l’installation dans les nouveaux locaux, conçus pour faciliter l’approche domiciliaire. Organisés autour d’une rue centrale ouverte, ils se distingueront par de petits ensembles de 12 à 13 habitations, et la création d’unités logistiques de proximité afin de limiter le recours aux chariots. « Toutes les chambres seront aussi équipées d’un placard communicant avec l’extérieur, pour que les professionnels puissent déposer le linge ou de petits articles sans avoir à entrer dans le logement », complète Julien Brunet, qui espère répondre ainsi aux attentes des résidents en termes de confort et d’intimité.
Territoire Zéro Seniors Sans Solution (TZ3S), une initiative à l’échelle du territoire
Allant toujours plus loin dans sa volonté d’innovation, l’EHPAD des Abers se prépare également à tester une nouvelle forme de logement temporaire dans le cadre du projet Territoire Zéro Senior Sans Solution (TZ3S). Porté par plusieurs acteurs du territoire, dont le GCSMS Comète Bretagne (voir encadré), celui-ci prévoit le développement de plusieurs outils à l’échelle de la Communauté de Communes du Pays des Abers, tels qu’un guichet unique, une plateforme de service, un dispositif de soutien aux proches aidants, ou encore des solutions pour la promotion de l'autonomie et du bien-être.
L’EHPAD breton a choisi de s’y impliquer pour répondre aux demandes de logement urgent. Un service « tampon », permettant une admission en moins de 24 heures, devrait ainsi être créé d’ici juin 2024, sur le site de Plouguerneau. Il permettra de proposer rapidement des solutions lorsque la situation l’exigera, mais aussi de loger des patients en attente d’une place en EHPAD, grâce à un partenariat avec l’Hôpital des armées de Brest, et aux 30 établissements fédérés par le GCSMS. Le groupement s’engage en effet lui aussi à leur trouver une place dans l’une de ses structures. Novatrice par sa forme, cette initiative est pleinement ancrée dans les problématiques territoriales et entend proposer de nouvelles réponses aux difficultés identifiées au plan local, tout en venant matérialiser l’ambition d’« ouvrir l’EHPAD sur l’extérieur ».
> Article paru dans Ehpadia #35, édition d’avril 2024, à lire ici
L’EHPAD breton a choisi de s’y impliquer pour répondre aux demandes de logement urgent. Un service « tampon », permettant une admission en moins de 24 heures, devrait ainsi être créé d’ici juin 2024, sur le site de Plouguerneau. Il permettra de proposer rapidement des solutions lorsque la situation l’exigera, mais aussi de loger des patients en attente d’une place en EHPAD, grâce à un partenariat avec l’Hôpital des armées de Brest, et aux 30 établissements fédérés par le GCSMS. Le groupement s’engage en effet lui aussi à leur trouver une place dans l’une de ses structures. Novatrice par sa forme, cette initiative est pleinement ancrée dans les problématiques territoriales et entend proposer de nouvelles réponses aux difficultés identifiées au plan local, tout en venant matérialiser l’ambition d’« ouvrir l’EHPAD sur l’extérieur ».
> Article paru dans Ehpadia #35, édition d’avril 2024, à lire ici
Le GCSMS Comète Bretagne
Créé le 22 juin 2018, le Groupement de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) Comète Bretagne regroupe 30 établissements, principalement des EHPAD implantés dans le Finistère, le Morbihan et les Côtes-d'Armor. L’EHPAD des Abers, qui en est l’un des membres fondateurs, est très impliqué dans la gestion du groupement, son directeur, Julien Brunet, étant également administrateur du GCSMS. Ce dernier représente aujourd’hui un levier précieux pour développer des projets collaboratifs, comme la création d’un poste d’Infirmier en pratique avancée (IPA) spécialisé en pathologie chronique stabilisée, qui intervient dans cinq établissements du GCSMS. Certifié Qualiopi, le GCSMS a aussi mis au point une plateforme d'intégration par e-learning qui, au travers de 15 modules de compétences, permet de former plus rapidement les nouveaux agents.
Créé le 22 juin 2018, le Groupement de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) Comète Bretagne regroupe 30 établissements, principalement des EHPAD implantés dans le Finistère, le Morbihan et les Côtes-d'Armor. L’EHPAD des Abers, qui en est l’un des membres fondateurs, est très impliqué dans la gestion du groupement, son directeur, Julien Brunet, étant également administrateur du GCSMS. Ce dernier représente aujourd’hui un levier précieux pour développer des projets collaboratifs, comme la création d’un poste d’Infirmier en pratique avancée (IPA) spécialisé en pathologie chronique stabilisée, qui intervient dans cinq établissements du GCSMS. Certifié Qualiopi, le GCSMS a aussi mis au point une plateforme d'intégration par e-learning qui, au travers de 15 modules de compétences, permet de former plus rapidement les nouveaux agents.
Danny Forster, d’aide-soignant à directeur d’établissement